Note moyenne : 6,04
Au Barça, la petite porte en impose. C’est en effet par là que sont partis des géants comme Maradona, Schuster, Laudrup, Ronaldo, Guardiola, Rivaldo ou Ronaldinho. On se doit désormais d’y ajouter Samuel Eto’o. S’il est arrivé un an après la prise de pouvoir de Joan Laporta, Eto’o fait incontestablement partie des grandes icônes de la présidence glorieuse de l’ancien porte parole de « l’Elefant Blau ». Davantage qu’un Deco ou qu’un Ronaldinho, répudiés à l’aube de la conquête du triplé historique, Eto’o aura marqué l’histoire du club catalan, comme un trait d’union entre les succès d’hier avec Rijkaard, et ceux d’aujourd’hui avec Guardiola. Seuls Xavi ou Puyol peuvent prétendre à ce statut, c’est dire sur quel piédestal le Camerounais s’est érigé.
Pourtant, Eto’o et le Barça, c’est terminé. Guardiola qui en souhaitait le départ l’été dernier a de nouveau poussé pour un départ du Camerounais dont les intentions n’ont jamais été très nettes. Argent, problèmes de comportement, nécessité de changer un groupe qui a tout gagné, le temps permettra sans doute d’y voir plus clair. En tout cas cela assurera à de futures autobiographies des tirages volumineux, à l’heure du grand déballage de fin de carrière. Contre Ibrahimovic avec une coquette somme d’argent (plus de 40 millions d’euros), Eto’o a donc pris ses cliques et ses claques, notamment sa fameuse collection de voitures de sport italiennes, pour s’en aller du côté de Milan, à l’Inter, rejoindre José Mourinho. Pep, triplement auréolé, a cette fois-ci eu gain de cause. Il en assume d’ores et déjà volontiers la pleine responsabilité.
Eto’o qui part, c’est une pression immense qui va s’abattre sur son successeur. Malgré tout le talent du Suedois Ibrahimovic, il ne sera pas facile de remplacer un joueur qui a inscrit la bagatelle de 130 buts en 200 matches sous la tunique bleu et grenat (quatrième meilleur buteur de l’histoire du club). De plus, Eto’o sort d’une saison au bilan comptable assez exceptionnel avec 30 buts en Liga et 4 autres en Ligue des Champions dont l’ouverture du score si décisive en finale contre Manchester United. Dans la merveilleuse mécanique collective du Barça 2008-2009, Eto’o n’était pas simplement à la conclusion, il était aussi, et surtout, à l’origine, en premier défenseur qu’il était, infatigable marathonien du replacement et stakhanoviste du pressing très haut. « Courir comme un noir, pour gagner comme un blanc », la formule était plutôt maladroite, mais résumait bien le personnage. De l’ego surdimensionné et un comportement ombrageux, Eto’o en avait à revendre, ses multiples dérapages parlant pour lui, mais sur le terrain, il a toujours été un modèle de solidarité et d’abnégation en enfilant le bleu de travail.
Une question néanmoins se pose concernant le dernier acte de cette pièce de théâtre : 2008-2009 constitue-elle la meilleure saison du Camerounais au Barça ? En terme absolu, sans aucun doute, mais rapporté à la performance globale de l’équipe, véritable machine de démolition capable de passer au broyeur tous les ténors de la Liga, cela est moins évident. Auteur de 28,8 % des buts catalans en Liga, Eto’o avait fait mieux en 2006 (32,5 %) et 2005 (32,8 %), les deux saisons où il n’a pas connu de grave blessure. De plus Eto’o a été dépassé cette année pour le titre de Pichichi par Forlan (comme en 2004-2005) malgré un temps de jeu supérieur et une équipe tournant à près de trois buts par match. Enfin le meilleur buteur du club toutes compétitions confondues s’appelle Messi, Eto’o étant resté mué en Copa (avec un faible temps de jeu) et n’ayant inscrit que quatre buts en Ligue des Champions.
Eto’o a surtout carburé à l’automne 2008. Au mois d’octobre, avec une note moyenne de 6,17 (4 matches, 6 buts), il se retrouve dans le trio de tête avec Xavi et Messi. Au mois de novembre, avec une note moyenne de 6,90 (5 matches, 5 buts dont un quadruplé contre Valladolid), il n’est plus devancé que par Messi. La suite de sa saison sera davantage en dent de scie, bien qu’il maintienne une moyenne de buts par match impressionnante, notamment en Liga. Après avoir fait trembler à 13 reprises les filets en 14 journées de Liga après la victoire à Séville 3-0 (avec l’ouverture du score par le Camerounais), Eto’o continue sur sa cadence au début de l’année 2009 pour atteindre le total de 23 buts en Liga au soir de la 23ème journée, après un doublé décisif contre le Betis qui permet au Barça d’arracher le point du nul.
Le fléchissement ne viendra qu’au printemps. De la 24ème journée à la 34ème journée (clasico), Eto’o n’inscrira « que » quatre buts en Liga (dont un doublé contre Malaga vaporisé 6-0), avant de se faire doubler par Forlan sur le fil. Mais au fond si l’on devait chercher les manques dans la saison de Eto’o, ceux-ci ne viendraient pas vraiment de son bilan de goleador, plus que remarquable, mais plutôt de son apport au jeu trop irrégulier.
La note moyenne de Eto’o est ainsi pénalisée par de nombreux bas. Près d’un tiers de ses notes sont égales ou inférieures à 5, si bien qu’Eto’o dispose d’une moyenne de 6,04 inférieure à celle de Henry et Piqué alors que sa note médiane est elle supérieure à ces deux joueurs. La médiane correspond à la « note du milieu », de telle sorte que 50 % des notes obtenues lui sont supérieures et 50 % lui sont inférieures. Contrairement à la moyenne, elle est moins affectée par les valeurs extrêmes. Ainsi, trop souvent, le bilan de Eto’o en l’absence de buts (voire même en leur présence) s’est relevé insuffisant ou tout juste correct.
Capable de rater trois occasions immanquables et dans la minute qui suit d’arracher une lucarne incroyable, d’être introuvable pendant tout un match tout en courant partout, de rater un contrôle facile mais d’offrir ensuite une subtile déviation, Eto’o aura finalement surtout marqué sa saison par son but en finale en Ligue des Champions. Dès la 10ème minute du match, au terme de la première incursion catalane, ce pointu du Camerounais a tué MU et lancé le Barça sur la route du triplé.
Pour ce but là, son deuxième à ce stade ultime de la plus grande compétition de clubs du monde, et pour tous les autres avant, encore merci Samuel.
Statistiques :
Liga : 36 matches joués, 3057 minutes (dont 2987 comme titulaire), 30 buts et 1 passe décisive.
C1 : 10 matches joués, 811 minutes (dont 784 comme titulaire), 4 but, 2 passes décisives.
Coupe du Roi : 4 matches joués, 145 minutes (dont 94 comme titulaire), 0 but et 0 passe décisive.
Récapitulatif :
1) Iniesta (6,67)
2) Messi (6,58)
3) Xavi (6,54)
4) Touré (6,31)
5) Alves (6,28)
6) Henry (6,17)
7) Piqué (6,11)
source:fcbarcelonaclan
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